«Ce n’est que dans l’Orient que l’on peut travailler grand; ce n’est que là que se font les grandes réputations, les grandes fortunes», selon Bonaparte 1er en 1805 devant une assemblée de princes allemands, cité par Benoist-Méchin in A Destins rompus.
De la Turquie Kémaliste aux ruines de l’antique Palmyre, d’Antioche la Cité divine à la rayonnante Alexandrie, du Mont-Liban au Mont des Oliviers, de l’Arabie carrefour des siècles au golfe Persique devenu la Côte des convoitises…, ainsi le vent du nord doit composer avec le vent du sud pour faire face au vent de l’ouest entrecroisant le vent de l’est. Les Romains se sont contentés, contrairement à d’Alexandre le grand, de conquérir les pays du Proche-Orient, évitant de la sorte le sable flamboyant du désert de l’Arabie et les hauts sommets des montagnes de l’est. Si la France des temps modernes a choisi en quelque sorte la voie «romaine», le Royaume Uni a préféré trotter sur le chemin d’Alexandre le grand occupant ainsi le centre du continent asiatique et soumettant l’Inde à la Couronne britannique.
Le printemps arabe
Les Etats-Unis ont repris à leur compte le printemps arabe promis par les Britanniques leurs ascendants et précurseurs. Mais l’Amérique et surtout les Américains sont loin, très loin de ce Proche et Moyen Orient, et ne se soucient guerre du sort des peuples du monde entier, y compris les Israéliens et malgré le soutien du lobby juif américain. C’est pour cela je ne peux m’empêcher de penser à cet officier de liaison britannique, Laurence d’Arabie, quand je vois son concitoyen le député George Galloway s’agiter et lutter avec tant de conviction et de détermination pour dénoncer tout haut les crimes accomplis par les gouvernements israéliens, et leurs complices les gouvernements des états européens et américains… depuis la mise en application des Accords Sykes-Picot en 1919 jusqu’à nos jours, et qui a décapité ce Proche Orient au profit de la création de l’état sioniste en lui garantissant depuis 1948 une supériorité militaire sur ses voisins arabes. Ce député britannique ainsi que ses compagnons de fortune, cherchent-ils à se déculpabiliser d’un passé qui doit, semble t-il peser lourd sur la conscience collective de plusieurs générations du moins en Europe, ou bien se trouvent-ils en admiration devant la ténacité, la hardiesse et la détermination de ces peuples arabes contre toute sorte d’occupation, d’oppression, de calomnie et de dénigrement dont ils sont victimes, depuis bientôt cent ans ?
Le temps des bourgeons
«Le temps amène les roses, mais avant tout des bourgeons», disent les Suisses. «Le temps use l’erreur et polit la vérité», disent les Français. «La rose a l’épine pour amie», selon la sagesse afghane. En effet, pendant que des combattants pour la liberté, arabes et européens nourrissent les bourgeons, la rose des gouvernements des pays arabes tient l’épine israélienne pour amie. Autrement dit, au moment où les palestiniens et leurs amis commémorent le premier anniversaire de la guerre israélienne la plus dévastatrice, la plus meurtrière contre le peuple palestinien et appellent les grandes puissances à lever le blocus accablant de Gazza qui perdure depuis deux ans, et au moment où la majorité des peuples arabes souffrent de tous les maux dans leur vie quotidienne, les «frères» arabes les plus fortunés vantent leur pouvoir en édifiant les bâtiments les plus hauts du monde, voulant paraît-il, détrôner les gratte-ciel de New York et de Chicago, et dépasser de loin les tours colossales des capitales asiatiques. Politiquement, les dirigeants des pays arabes comptent en vain et depuis des décennies, sur les grands du monde pour sauver leurs pouvoirs, notamment le brave président américain qui n’a pas pu, un an après son investiture, achever la composition de son équipe gouvernementale. Or, Il est dit qu’on est dupé par celui qu’on aime, surtout quand celui-ci nous somme: «Qui m’aime aime mon chien… même s’il lui arrive de vous mordre de temps à autre». (22.1.2010)