Le centriste… quel profil ?

Quand Saeb Salam et Souleimane Frangiyé en leur qualité de députés et chef de clans, décidèrent de créer le bloc centriste fin1968, ils désiraient de la sorte se frayer un chemin et forcer la main aux deux blocs parlementaires prédominants en ces temps annonciateurs de grands événements: les chéhabites et l’alliance tripartite entre les Kataëbs, le bloc national de Raymond Eddé et le PNL de Camille Chamoune. Saeb Salam député musulman sunnite de Beyrouth et Souleimane Frangiyé député chrétien maronite de Zgharta au nord ont réussi leur percée et créèrent un courant politique groupant au centre un bon nombre de députés qui ont su manœuvrer et porter à la présidence de la république Mr Frangiyé et évidemment Mr Salam à la présidence du conseil des ministres. Il me semble que c’est la seule équipée centriste à retenir dans les annales de la vie politique libanaise, voir la seule tentative qui mérite le label appellation d’origine démocratique libanaise. En effet les promoteurs de ce courant n’avaient pas auparavant adhéré d’une façon ou d’une autre à l’un des deux blocs régnant abusivement sur la scène politique libanaise et scindant le pays en deux parties farouchement opposées. Certes les chefs de ce courant centriste, une fois aux commandes ont adopté la modération et un  partage équitable du pouvoir avec les autres factions et œuvré pour une certaine réforme dans la gestion des affaires publiques, mais échouèrent malheureusement dans leur tentative d’empêcher l’escalade rapide et démesurée de la violence qui a dévasté le proche orient et particulièrement le Liban, annonçant l’avènement inéluctable d’une guerre fratricide et destructive au pays des cèdres.

Le président Michel Sleimane est-il centriste ?

Peut-on dénicher actuellement une quelconque ressemblance avec le passé? Oui, dans la mesure où le président de la république Mr Michel Souleimane est presque le seul homme politique actuellement au pouvoir au Liban chez qui nous pouvons relever les signes caractéristiques d’un vrai centriste, et ce pour avoir déjà fait preuve de modération et d’équité dans les précédents fonctions qu’il a occupé tout le long de sa carrière militaire, et surtout parce qu’il a réussi, du moins jusqu’à preuve du contraire, à réunir pour la quatrième fois les antagonistes de la vie politique libanaise autour d’une table de débat en vue d’une entente nationale, et à s’impliquer convenablement dans les affaires du pays selon les termes et prérogatives que lui confère la constitution libanaise. Par contre nous constatons malheureusement que la plupart des candidats à la formation d’un courant centriste sous la houlette du président de la république Mr Souleimane, ne sont que les rescapés d’une longue série de conflits d’intérêts personnels ou les repoussés des deux grands blocs opposés qui dominent la scène politique libanaise.

Ziyad Baroud

En effet ces candidats malchanceux cherchent avant tout auprès du président de la république Mr Souleimane un appui ferme profitant de la présence à la tète du ministère de l’intérieur de son fidèle « majordome » Me Ziyad Baroud. Mais ils échappent à ces messieurs que notre loyal et brave ministre de l’intérieur n’est pas du genre à se laisser faire. Car c’est un homme intègre qui tient tout à la fois à préserver son passé, protéger son image de réformateur, et honorer les promesses et attentes de toute une génération. Et beaucoup se demande si le Président-Général a-t-il réellement besoin d’une demie douzaine de députés au parlement pour pouvoir mieux gouverner le pays, alors qu’il peut se prévaloir  d’une majorité de facto résultat d’une entente régionale, de concorde nationale et de soutien populaire.. ! Que cela n’empêche nullement les candidats, de tenter leurs chances, et de mener leur combat pour gagner la partie mais en comptant sur leurs propres moyens… quitte à  constituer par la suite un groupe de pression parlementaire et soutenir la politique équitable prônée par le président  Michel Souleimane. (6.2.2009)

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *