Femme ou femmelette… ?

La lutte pour la libération de la femme a commencé depuis environ cent ans avec l’avènement de la deuxième révolution industrielle et a connu une reconnaissance internationale après la fin de la deuxième guerre mondiale. Aussi il est convenu de dire que l’écrivaine Georges Sand est la première féministe et que les surréalistes conduis par le grand poète français André Breton sont les premiers combattants dans la lutte pour la libération de la femme européenne, côte à côte avec les militants socialistes, communistes et autres anarchistes.

La société civile est elle plus égalitaire ?

En effet dans la société rurale la femme menait autrefois une existence ordinaire et partageait avec l’homme les tâches de la vie quotidienne, au four comme au moulin, quand les inégalités étaient inscrites essentiellement dans le registre du mariage et celui de l’héritage, tout deux tenus et gérés depuis des siècles par la puissante autorité religieuse et jusqu’à l’avènement de la révolution française en 1789 et l’établissement de la société civile, libre, égalitaire et fraternelle. Par la suite, l’expansion de l’enseignement public, la montée de l’industrialisation et l’explosion du marché du travail, conséquences de deux guerres dévastatrices survenues durant la première moitie du vingtième siècle, ont mis l’accent sur les inégalités sociales et ont poussé à la révolte, tous les opprimés et autres défavorisés, y compris les femmes travailleuses qui n’ont  pas tardé à rejoindre naturellement la lutte des classes face à un système capitaliste d’exploitation massive.

L’impact de la société de consommation

Il ne faut pas non plus négliger l’impact du développement excessif de la société de consommation sur le mode de vie en général et le comportement des femmes en particulier. Or la société moderne soutient depuis un demi siècle, et d’une manière hypocrite, la femme dans sa lutte pour obtenir l’égalité des chances avec l’homme, en mettant l’accent sur les deux  symboles qui caractérisent sa personne comme étant la source des désirs les plus forts et des plaisirs les plus intenses. Et toute cette campagne mondiale visant à faciliter aux femmes l’accès au sommet du pouvoir politico-économique dans divers pays ne doit pas cacher le fond du problème et freiner les ardeurs. Ne faut-il pas cesser plutôt de provoquer inutilement la femme comme dans une publicité qui lui confirme sans équivoque qu’elle peut tout avoir si elle utilise une marque d’huile déterminée: rester toute sa vie, belle, jeune, séduisante, mince, et avoir beaucoup d’enfant ? Autrement dit pourquoi cherche-t-on à cultiver des élans frénétiques et susciter des ambitions matérialistes et frustrantes, au lieu de développer chez toutes les personnes défavorisées, y compris les femmes déshéritées, des prises de conscience sociale globale.

Un mâle pour un bien

Après tout on retrouve chez les hommes comme parmi les femmes, ceux et celles qui possèdent initialement une nature forte ou bien un caractère faible, qu’ils soient instruits ou analphabètes. Et l’instruction est ainsi nécessaire et obligatoire pour les deux parties dans la mesure où elle va les aider à mieux saisir leurs propres faiblesses humaines et ressentir celles de l’Autre, face aux dures réalités de la vie, moralement et physiquement. Or il est prouvé que l’usage de la violence dans les relations humaines cache quelque part un profond sentiment d’impuissance et une incapacité à dialoguer pour démêler tous les malentendus et vaincre toutes les ignorances et autres handicaps.

Les hommes « ces gros bébés »

Autrement dit, il faut aller au fond du problème et là où il se trouve, c’est-à-dire chez l’homme proprement dit et sans se laisser influencer  par les apparences trompeuses. Avons-nous par exemple, cherché à saisir de temps en temps, les angoisses et autres inquiétudes qu’éprouvent les hommes « ces gros bébés » devant les femmes enceintes et surtout au moment de l’accouchement ? Allons-nous reconnaître et admettre que les hommes même instruits sont plutôt « à plaindre » dans une société de consommation forcée et centrée sur le prototype de la femme exigeante? Comment peut-on réussir à libérer la femme de l’emprise de l’homme avant de libérer celui-ci de ses faiblesses et autres frustrations ? La sagesse orientale nous conseille de cultiver le sens de nos désirs pour mieux maîtriser nos plaisirs. Or un désir bien cultiver peut durer toute une vie et aiguiller notre existence, alors qu’un plaisir satisfait ne peut durer quoi qu’on fasse qu’un laps de temps.  (11.3.2009)