Quand le laid est aussi beau que le beau

 

Elle refuse de grandir pour ne pas souffrir ou faire souffrir, pour ne pas mentir ou devenir hypocrite, comme la plupart des adultes, pour rester pure dans un monde plongé dans le pathétique, pour continuer à se donner jusqu’à la fin des temps…, enfin pour ne pas perdre, d’une façon ou d’une autre, la mémoire des temps passés à la recherche du Moi, de l’Autre, du vrai, du faux, du beau, du laid, dans la mesure où tout le monde est beau, tout le monde est gentil…! Est-ce que le laid peut-il être aussi beau que le beau ? Rasha Shammas l’a prouvé, et avec brio, dans un recueil contenant cent quarante six photos d’art ; peut-être par ce qu’elle croit comme Carlos, que l’amour rend beau, le laid.

 

Elle a osé

Et pour cela elle a sollicité toute la technicité qu’offre l’art photographique. Elle a osé, fouillé et farfouillé dans l’esthétique du corps humain à la recherche de tous les tabous, du nombril jusqu’à la moelle épinière, en divulguant de la sorte, le narcissisme inné, que nous tenons souvent à cacher, avant de surprendre les uns ou méduser les autres.

Rasha, pour celui qui ne le sait pas, a reçu de sa mère, la styliste Sonia Farès, comme cadeau d’anniversaire pour ses neuf ans, un appareil photo qu’elle n’a plus lâché. Et vite, elle a adopté cet art pour exprimer ses sentiments, ses émotions et ses impressions. En juin 2007 elle s’est rendue à la galerie Surface Libre à Antelias, pour exposer ses œuvres, où la nature morte-vivante était son thème principal.

L’œil de Rasha n’a pas changé de vision, ni de conception : montrer que l’ordinaire est aussi beau que l’extraordinaire, que le laid est aussi beau que le beau, que le simple détail, même un petit tatou, compte et bouleverse toutes les donnes et les perspectives. Elle a choisi le noir pour libérer le blanc et transmettre le message. Ainsi beaucoup d’hommes et de femmes vont sûrement se retrouver dans ses clichés. (11.6. 2010)