Conciliation, transaction ou arrangement ?

Des conciliations par ci, des arrangements par là, dans un monde qui a souffert pendant longtemps de faux et de vrais conflits, prédisant l’avènement d’une accalmie globale, pour ne pas dire l’établissement d’un nouvel ordre mondial. Il faut sauver les peuples malgré eux, disait un de ces jours Napoléon Ier.

Le président Barak Obama veut concilier les riches et les pauvres américains, et œuvre pour réconcilier les américains avec le reste du monde. De plus il parait soucieux de vouloir concilier les arabes avec les Israéliens, les arabes entre eux, les musulmans avec leur Coran, et  les juifs avec la Bible.

Rayer l’esprit de vengeance

L’Ancien Testament nous ordonne: tu ne te vengeras point. Saint Paul nous dit dans son Epître aux Romains: Ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laisser agir la vengeance de Dieu. L’Islam nous conseille: Si vous vous vengez, que la vengeance ne dépasse point l’offense (XVI, 127). Qui médite de se venger entretient ses blessures (Fr. Bacon 1597). Pour pouvoir se venger, il faut savoir souffrir (Voltaire in Mérope 1743). Autrement dit, il faut commencer par soigner nos blessures et cesser de souffrir, et surtout démolir tous ces murs de séparation fondés sur l’ignorance, la suspicion et la haine, si nous voulons véritablement édifier cette paix juste et globale dont rêvent les peuples de ce Proche-Orient divisé et meurtri depuis cent ans.  

Les retrouvailles

Les dernières élections législatives libanaises sont passées et le commun des mortels connaît les conditions douteuses qui ont inspiré leur déroulement et leur dénouement. Doit-on rappeler que Tout vainqueur insolent à sa perte travaille (La Fontaine in Les deux Coqs 1678). La classe politique libanaise se métamorphose jetant au dépotoir leur hache de guerre, leurs douloureux souvenirs et leurs querelles fratricides. Sait-elle que Les amitiés renouées demandent plus de soins que celles qui n’ont jamais été rompues… ? (La Rochefoucauld 1665). Les uns reconnaissent avec les chinois que l’eau ne reste pas sur les montagnes, ni la vengeance sur les cœurs. D’autres admettent que la porte la mieux fermée, sinon la plus sûre, est celle que l’on peut laisser ouverte. Et les plus avisés affirment avec les irlandais : Mieux vaut un lion féroce devant soi qu’un traître derrière.

Cessons de fuir…

Le célèbre artiste français fuit son pays à la recherche d’un paradis fiscal. L’ingénieur américain s’expatrie pour toucher à l’étranger le triple de son salaire ordinaire et échapper aux impôts. L’armateur britannique file à l’anglaise pour défendre la grandeur de l’Empire. Le travailleur asiatique part pendant quelques années à la recherche de la petite fortune et rentre aussitôt au bercail. Le juif européen immigre vers la Palestine sa « terre promise » sans jamais rompre avec son pays d’origine. Seuls les libanais, les palestiniens, et autres syriens et égyptiens, sans oublier les arabes nord-africains, abandonnent tout et quittent dans l’intention de ne plus revenir dans leur pays natal. Ils ont choisi presque volontairement l’exil, tout simplement pour avoir la paix, loin de toutes ces fausses querelles et autres disputes entre les chefs de tribus appelés communément communautés religieuses.

 Et construisons l’avenir

Les Libanais savent vraisemblablement que parmi ces centaines de milliers d’immigrés et autres expatriés, une infime minorité a réussi son pari alors que la plupart ont succombé à la misère et à la honte. Il faut cesser de vanter excessivement les mérites de l’immigration qui n’a fait que briser la famille libanaise, qui a vidé nos montagnes de leurs habitants cultivateurs, qui a privé le pays de sa main-d’œuvre qualifiée, et a empêché la fondation, pour ne pas dire la création d’une véritable identité nationale libanaise depuis 1920 et jusqu’à nos jours. A l’étranger, il y a trop ou trop peu. Ce n’est que dans notre pays que nous trouvons la juste mesure (Goethe1749-1832). Le pain dans sa patrie vaut encore mieux que les biscuits en pays étrangers (Voltaire 1778). On appartient à sa patrie comme on appartient à sa mère, écrit l’américain E. Hale in The man without a Country, en 1863. (2.8.2009)

Comprendre Walid Joumblatt…

On attribue à Virgile, selon ses commentateurs la phrase suivante : On se lasse de tout sauf de comprendre. Mais Anatole France nous conseille dans la Révolte des Anges (1914) : Mieux vaut comprendre peu que de comprendre mal. Par contre Spinoza (1677) affirme : Comprendre est le commencement d’approuver. Il ne faut pas chercher à comprendre Walid Joumblatt, comme on le fait habituellement avec les autres hommes politiques libanais ; il faut tout simplement le comprendre et l’accepter tel quel. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre (Cervantès, Don Quichotte 1605).

Le leader druze

Ce prince de la politique libanaise avec toutes ses contradictions, héritier fidèle d’une lignée d’initiateurs et autres aventuriers, est un faiseur d’événements pour les uns, déroutant pour les autres. Il prouve pour la énième fois qu’il est le leader qui conduit et anime, en quelque sorte, la vie politique libanaise comme l’a été son père le martyr Kamal Joumblatt. Nous promettons selon nos espérances et nous donnons selon nos craintes (La Rochefoucauld 1665) C’est son leadership druze qui prédomine et l’emporte sur tout le reste. C’est le saint des saints pour cet ancien élève des Jésuites. Islamisme ou humanisme, arabisme ou arabité, féodalité, socialisme ou social démocratie, francophonie ou francophilie, russophone sans déplaire aux  américains, le tout n’est qu’un jeu de quilles. Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique (St. Augustin). Toute sa vie, Walid Joumblatt avait des comptes à régler, sinon des brèches à ouvrir, tenant compte des circonstances dominantes, surtout quand il faut faire pencher la balance. Il ne vous demande pas de le suivre dans sa campagne. Il vous demande seulement de faire l’effort nécessaire pour le comprendre.

Réaliste et pragmatique

Je pense que Walid bey est un admirateur discret du style François Mitterrand, l’ancien président de la République Française. Réaliste et  pragmatique, c’est un praticien, au quotidien, de la vie politique au Liban. Il n’aime pas les faibles, ces futurs perdants. Il préfère côtoyer  les braves et serrer la main aux plus forts. C’est le propre de l’homme de se tromper ; seul l’insensé persiste dans son erreur (Cicéron env. 60 av. J.C.). C’est un grand rêveur, mais pas assez méditatif comme son père. Car la succession des événements et surtout leurs cruautés ont dû sûrement l’empêcher d’avoir le temps de flâner.

Le survivant

Walid Joumblatt et la montagne Libanaise sont de vrais complices, comme la salive et la langue. Qui a façonné qui ? C’est une longue  histoire, tel un chapelet interminable. Les Joumblatt sont comme tous ces montagnards libanais, syriens et palestiniens qui cherchent depuis cent ans, à survivre contre vent et marias, sinon déguerpir, partir pour vivre aux quatre coins du monde, comme tous ces centaines de milliers qui ont fui toutes ces petites et grandes guerres. Il me semble que la dernière mise en garde adressée par Walid bey à ses coéquipiers du Groupement du 14 mars, doit porter ses fruits dans les jours qui suivront. Pourra-t-il un jour avec son franc-parler, expliquer à ses concitoyens,  pourquoi les responsables politiques libanais doivent-ils consulter au moins cinq gouvernements régionaux et cinq autres mondiaux, toutes les fois où ils sont appelés à élire un nouveau président de la république ou bien former un nouveau gouvernement national… ! (7.8.2009)

Le gouvernement : un jeu de quilles …!

Les menaces israéliennes quotidiennes devraient nous pousser à resserrer les rangs et à accélérer le processus de formation du gouvernement d’union nationale (le président de la République Michel Sleimane). Autrement dit : Il est trop tard de délibérer quand l’ennemi est aux portes (Virgile in Enéide). Dans l’attente de voir un courageux politicien libanais, tel Walid Joumblatt, nous expliquer pourquoi les libanais doivent-ils consulter au moins cinq gouvernements régionaux et cinq autres lointains, pour parvenir à former un nouveau gouvernement national au Liban, il me semble que la formation de ce gouvernement, très attendu par les libanais, ressemble plutôt à un jeu de quilles.

Tirage au sort

Pour faire plaisir à la majorité des libanais, j’ai trouvé une sortie de secours pour décamper et sortir de l’impasse: soumettre cent vingt députés, sur les cent vingt huit élus dernièrement, à un tirage au sort pour la formation d’un gouvernement de trente ministres. Et pour satisfaire tout le monde, il faut répéter cette opération tous les ans, jusqu’à l’expiration du mandat de l’actuelle assemblée. Ainsi, les cent vingt députés auront leur chance de devenir ministre pendant au moins une année, sachant que les huit autres exclus constituent déjà avec le président de l’Assemblée Me Nabih Berri, le bureau qui va gérer les affaires du parlement, jouissant du temps nécessaire pour légiférer et étudier les projets de lois envoyés par le gouvernement. Ils seront aidés sûrement par les experts et autres spécialistes qui font légion au Liban. De cette façon les députés-ministres auront au moins pendant un an, la possibilité et l’occasion de défendre de près les intérêts de ceux qui les ont élus et assurer en grande partie leur réélection. Ainsi le vote de confiance serait inutile et le discours d’investiture plutôt banal. Une fois de plus, c’est une solution à la libanaise.

Un Remake

C’est un terrible avantage de n’avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser (Rivarol 1753-1801). Le mutisme des uns incite à la suspicion et  à la crainte, face à la montée des souffrances de tous les libanais. Il me semble que les meneurs et autres décideurs font tout pour dégouter les libanais de la politique et les pousser à baisser les bras définitivement ou fuir cet imbroglio. Tout indique que nous assistons à un remake. D’une part, et vu l’expansion de ses engagements en Asie, l’Administration américaine semble céder apparemment ou partiellement sur la scène politique libanaise, laissant à la France et à la Syrie, le loisir et le plaisir de jouer le premier rôle. Or, la France ne possède pas les moyens ni la volonté de décider à la place des libanais, et la Syrie s’interdit apparemment depuis 2005 d’intervenir ouvertement, comme par le passé pour imposer une quelconque solution. La France et la Syrie sont peut-être bonnes conseillères, mais cela ne suffit pas pour sortir de l’impasse. En même temps, Benyamin Netanyahu le premier ministre d’Israël lance tout haut, ses menaces contre le Liban, et désavoue farouchement la participation de leaders du Hezbollah au nouveau gouvernement. La situation géopolitique en Iran est alarmante, et incite à plus de crainte et de suspicion. Le conflit israélo-palestinien est à nouveau dans l’impasse, car les américains paraissent reculés comme d’habitude devant les exigences démesurées de l’actuel gouvernement israélien.

Walid Joumblatt

Walid Joumblatt réussira-t-il à secouer le prunier de la classe politique libanaise face à un gouvernement qui se contente de vanter le million de touristes ayant franchi nos frontières durant le seul mois de juillet sachant qu’une vraie paix civile est capable de faire doubler ce chiffres ? Je pense que Walid bey doit passer son temps libre à écouter souvent la célèbre chanson d’Edith Piaf : non rien de rien, non je ne regrette rien, ni le mal qu’on m’a fait, ni le bien. Tout ça m’est bien égal…   (14.8.2009)

Est-il raisonnable d’avoir toujours raison ?

Entre l’indignation des uns et l’indifférence des autres, les libanais sont dégoûtés de l’attitude de la plupart des hommes politiques au pouvoir. Mais si l’indignation n’est pas un état d’esprit politique, selon Bismarck, l’indifférence est le plus grand mépris, d’après le dicton populaire français. Or la plupart de nos politiciens mènent leur vie sans se soucier de ce que pensent d’eux, en particulier leurs propres électeurs… peut-être parce qu’ils croient avoir possédé leurs âmes quand ces derniers ont monnayé leurs voix le 7 juin dernier.

Etre dupe ou fripon

Le Cardinal Mazarin disait un jour : croyez tout le monde honnête, et vivez avec tous comme avec des fripons. Et les Libanais cohabitent selon ce dicton, depuis quatre décennies. Or Il semble que les peines légères parlent haut, alors que les grandes douleurs se taisent. Privés pratiquement d’eau, d’électricité et maints autres services publics depuis le début de la réhabilitation du pouvoir central politico-économique en 1990, les Libanais ont accumulé les déceptions et ne se font plus d’illusions, parce qu’ils ont enfin compris avec Molière  qu’on est aisément dupé par ce qu’on aime, sinon être dupe ou fripon, selon Regnard. De plus, nos politiciens à la fois chevronnés et novices ne savent jamais prendre des vacances ou bien faire une pause. Ils sont braves et généreux pour dépenser un milliard de dollars en vue de posséder une majorité parlementaire, glorifiant abusivement les mérites de la démocratie à la libanaise, et appelant sans cesse tout haut et tout fort, les libanais à regagner l’Etat, alors qu’ils s’avèrent être les plus grands fauteurs de troubles et les plus mauvais contribuables du monde.

Lentement mais sûrement

Jamais les arabes, et tout particulièrement les libanais, ne se sont accordés autant avec les italiens pour dire : qui va lentement va sûrement, et qui va sûrement va loin. Comme la plupart des libanais, je voudrais bien suivre à la lettre ce fameux dicton populaire, à la seule condition de ne plus entendre et lire toutes ses déclarations houleuses et contradictoires, surtout celles sortant de la bouche des membres d’une prétendue majorité gouvernementale. Or en dressant un état des lieux, on doit supposer qu’il n’y a plus rien à becter, sauf si quelques uns sont largement payés pour maintenir le pays dans le vide, dans l’attente de voire surgir une quelconque « solution finale ».

Modestie, Médisance et diffamation

Le plaisir et la gloire ne s’accordent jamais, lit-on dans les Sentences de Publilius Syrus  au 1er s. av. J.C. Thomas Gray nous dit que les sentiers de la gloire conduisent au tombeau. Et c’est Saadi le philosophe iranien du XIIIe s. qui écrit dans son Bustan : Qui diffame autrui révèle ses propres tares. Autrement dit, celui qui médit auprès de toi médira de toi. Mais qui, parmi les libanais, n’a pas compris que les attaques verbales contre les ministres de l’intérieur Me Ziyad Baroud et des PTT l’ingénieur Gibrane Basil, sont pour le moins qu’on puisse dire, médisantes et diffamatoires ! Si je suis un sot on me tolère; si j’ai raison on m’injure (Goethe in Maximes et Réflexions)

Personnellement je continue à patienter et à espérer voir émerger dans les meilleurs délais possibles une quelconque coalition entre les mouvements de nos leaders Hariri, Aoun, Nasrallah et Joumblatt… sous la houlette du Président Michel Sleimane, si nos politiciens tiennent sincèrement à sauver le Liban et à construire un avenir paisible et salutaire pour tous les libanais, qui le méritent vivement après toutes ces décennies de souffrances et de résistances. Enfin, je salue l’avènement du mois de Ramadane qui, je l’espère, va accorder à tout le monde, le temps nécessaire à la réflexion et à la méditation : on pardonne aisément un tort que l’on partage (J. de Jouy dans livret de Guillaume Tell-1829). Autrement dit, est-il raisonnable d’avoir toujours raison… ? (21.8.2009)

Une valse à quatre temps

Le spectacle continue sans que personne ne baisse les bras. A chacun sa valse, même si tous sont en train de trébucher. Et le taureau est seul dans l’arène, entouré de plusieurs toréadors, matadors et autres picadors. Les spectateurs attendent bouche bée depuis deux mois sans que personne ne parvienne à tuer la bête noire et faire couler son sang rouge, comme le rouge de leur étendard et autres banderoles. Du baroud contre le Baroud, du basilic contre le Basil, la joie de vivre chez le marchand de la soie contre la sagesse d’un Sleimane, et presque tous les anges de Dieu ont décidé d’assaillir le pays des cèdres.

Du surréalisme

Les habitants du Mont-Liban ont inspiré vers la fin du XIXème siècle un certain voyageur, le narrateur français Gérard de Nerval qui fut happé par un autre écrivain français André Breton. Des hommes de lettres libanais tels Yousef el-Khal, Onçi el-Hage et Paul Chaoul ont repris le flambeau, sans se rendre compte, ou bien pressentir que presque toute la classe politique libanaise allaient plus tard baigner dans le surréalisme pour pouvoir duper tout un peuple.

Une valse à quatre temps

Observons ensemble cette valse à quatre temps soigneusement menée par son excellence l’ambassadrice du géant américain, main dans la main, avec ses collègues les représentants du Pharaon d’Egypte, du majestueux roi du désert d’Arabie et du président français le laïc Nicolas le grand, alors que le sang bouillonnant des damnés et autres maudits, continue à couler un peu partout dans ce vaste et riche Moyen-Orient.

 Trop beau pour être vrai

J’ai entendu dire cette phrase pour la première fois à Strasbourg, il y a presque quarante ans, à la suite de mon exposé  sur le Liban havre de paix et de liberté. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps après, pour découvrir que celui qui a prononcé cette troublante phrase, mon  camarade de classe, un juif sioniste, avait totalement raison. Plus tard j’ai compris que tout le monde chérissait le Liban et voudrait l’accaparer avec ou sans les libanais. J’ai aussi compris que le Liban, à l’instar de tous les autres mini-états apparus depuis un siècle, avait à sa naissance deux mères et plusieurs parrains et marraines. Qui partage le miel avec l’Ours a la plus petite part (Th. Fuller 1732). (28.8.2009)

Les intérêts de tout le monde… !

Mr. Javier Solana le diplomate en chef de l’Union européenne, après avoir rencontré, au moins une demi douzaine de nos responsables politiques, s’est joint à la chorale pour assurer tous les Libanais que leur nouveau gouvernement naîtra très bientôt. Et il a affirmé que ce gouvernement servait les intérêts de tout le monde. Il a aussi saisi l’occasion pour mettre le doigt sur la grande plaie et aller au fond du problème en déclarant avant son départ de Beyrouth: j’espère que la communauté internationale et Israël arriveront à trouver un moyen pour assurer le retour des refugiés palestiniens sur leur terre.

Messieurs « tout le monde »

Un lecteur novice me demanda: mais qui sont ces messieurs « tout le monde » ? Le peuple libanais figure-t-il dans cette rubrique ? Je ne le pense pas, du moins pour le moment. Le monde se lasse facilement de ceux qui ont commencé à se lasser de lui (le Chancelier suédois Oxenstiern 1583-1654). D’une part, La glace est brisée entre Hariri et Aoun. Joumblatt soutient, bon gré mal gré, les efforts de Saad Hariri. Geagea s’est calmé. Le Hezbollah est imperturbable. Nabih Berri se contente de marquer des points sans démasquer les faux jetons. Ailleurs, Aoun résiste, soutenu indirectement par le Concile des Evêques maronites qui a haussé le ton lors de sa réunion mensuelle.

Au bal masqué

En effet, tout le monde est appelé à se rendre au bal masqué, à entrer dans la ronde, et à danser jusqu’à l’ivresse. Autrement dit, tout le monde doit se préparer soigneusement et scrupuleusement à rejoindre la grande Chorale, pour chanter tout haut le nouvel hymne à la joie et la paix, un nouveau cantique des cantiques. Rien ne presse semble t-il. Or les pourparlers et autres négociations multilatérales entre américains, européens, syriens, saoudiens, égyptiens, turcs, israéliens, et iraniens exigent beaucoup de temps, de patiente et de savoir faire de la part de tout le monde, car leurs intérêts sont en jeu.

Attendre et voir venir

L’attente que nous nourrit l’espoir n’est pas une véritable attente…et attendant un peu pour finir plus vite, disent les anglais. A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes, disent les chinois. Mais dans l’attente, les Généraux libérés font exploser les anciennes mines au Liban. Deux anciens ministres israéliens ont été récemment écroués pour purger des peines de prisons pour corruption, et le procès pour viol et harcèlement sexuel de l’ex-président Moshé Katzav continue à Tel-Aviv, alors que le peuple d’Israël ne saura jamais s’il avait gagné la bataille ou perdu à la guerre de 1982 à 2009. Le président égyptien Hosni Moubarak s’acharne à assurer lui-même sa succession. Le président syrien Bachar el-Assad continue à tirer ses marrons du feu. Le régime saoudien couve royalement ses secrets de polichinelle. Et enfin, Barak Obama comme son collègue Michel Sleimane, ont réussi leur iftar pour faire progresser le dialogue et la cohésion entre les diverses communautés et classes sociales de leurs pays, en vue de préserver et assurer les intérêts de tout le monde. Les vertus se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves dans la mer (La Rochefoucauld 1665). (4.9.2009).

Yoakim Moubarak … le retour d’un saint homme

Mon âme a tremblé de joie et mon cœur a frémi, quand mes bons amis m’ont appelé pour m’annoncer le retour du Père Yoakim Moubarak, et m’ont invité à accueillir avec eux son corps dans son Kafarsgab natal où il a souhaité reposer auprès de ses semblables, les Cèdres millénaires  du Liban.

Liberté chérie

C’était un homme libre, qui prêchait la liberté de l’esprit, la liberté d’entreprendre… la liberté d’aimer l’autre. Fils du curé de son village, il a donné à sa propre mission une dimension à la hauteur de son vingtième siècle, avant de s’inscrire en tète de liste de notre vingt et unième comme un pionnier, un défricheur et un bâtisseur. Il croyait que le nouveau siècle serait spirituel ou ne le serait point. Il avait le droit de parler seulement aux intellectuels et aux universitaires, parce qu’on lui a presque interdit de s’adresser au peuple. Qui parle sème et qui écoute récolte… et Père Yoakim était plutôt un semeur, parce qu’il a été un grand lecteur, et la voix du seigneur retentissait souvent dans ses oreilles. Mais le bon sel pique, disent les Espagnols.

La petite histoire

Il avait beaucoup de petites histoires à raconter. Il aimait aussi écouter celles des autres… ces histoires qui portent en elles l’essentiel. Un jour il m’a demandé: où tu as puisé tes connaissances de l’Islam ? Son visage s’est éclairci d’un beau sourire quand je lui ai répondu: mon grand-père maternel Abou Afif, un homme pieux, qui m’a offert le jour où j’ai obtenu mon Certificat d’études primaires, deux précieux  livres, l’Evangile et le Coran… et m’a conseillé de prendre tout le temps nécessaire pour les lire. Ensuite j’ai eu la chance d’écouter les discours et lire les ouvrages de Monseigneur Georges Khodr et du Cheikh Sobhi Saleh, et de bien d’autres.

Un homme bon

Père Yoakim pensait avec Marivaux (Le Jeu de l’amour et du hasard 1730), que dans ce monde il faut être un peu trop bon pour l’être assez… alors qu’au fond de son âme il savourait avec J. Joubert (1754-1824) qui avait dit un jour: c’est un bonheur, une grande fortune d’être né bon. La bonté chez Père Yoakim, devait rejoindre l’intelligence pour pouvoir exceller et permettre au savant d’être à la fois simple, sincère, humble et sage. Il croyait avec Platon que la simplicité véritable allie la bonté à la beauté.

Reconnaissance et fidélité

Le retour du corps du Père Yoakim doit inspirer et inciter tous ses  disciples et autres adeptes, à se constituer en comité associatif pour défendre et promouvoir le grand héritage qu’il nous a gracieusement  légué. Nous lui devons reconnaissance et fidélité.  (11.9.2009)

Qui s’excuse s’accuse

Ramadane et le Carême ne suffisent plus pour stimuler l’âme et calmer les esprits. Les uns s’excusent, d’autres accusent. Mais qui s’excuse s’accuse, et doit faire de son mieux pour se faire pardonner. Tout le monde accuse, alors que le banc des accusés est vide. Selon M. Feghalli (in Proverbes syro-libanais 1938), on raconte que le Calife Haroun al-Rachid, se promenant un jour avec le poète et parodiste Abou Nouas, demanda à celui-ci de lui expliquer le sens du dicton « l’excuse est pire que la faute ». S’approchant alors du Calife, avec un sourire malicieux, Abou Nouas le pinça au bras. Le Calife vexé de cette familiarité, lui dit « n’es-tu pas fou de te permettre une pareille liberté avec moi ? ». « Pardon prince des croyants, lui dit Abou Nouas, mais j’avais oublié que c’était vous. Je pensais avoir pincé la princesse ». « Misérable ! C’est donc là ton excuse, hurla le Calife. Mais elle est pire que la faute ». « Il y a un instant, répliqua Abou Nouas, vous m’avez demandé de trouver une excuse pire que la faute. Je viens de vous la donner. Suis-je coupable de vous avoir obéi ? »

L’Etat populaire

Le pire des Etats, c’est l’Etat populaire, selon Corneille (in Cinna 1640). Or, mise à part l’ex-Président Fouad Chéhab, presque tous les hommes politiques libanais ont œuvré pour l’instauration d’un Etat populaire qui a empêché effectivement l’établissement de l’Etat de droit depuis 1943 jusqu’à nos jours. Et selon Cervantès «ce n’est pas la charge, mais l’excès de charge qui tue la bête» (in Don Quichotte 1615). Il faut finir par faire la part des choses, entre l’excès et la modération, le nécessaire et le superflu, la mesure et la démesure, le beaucoup et le peu, si nos politiciens désireraient réellement sauver le pays et nous délivrer de nos propres misères. «Il faut abattre l’arbre qui donne trop ou pas assez d’ombre», disent les Russes.

Ambition et vengeance

Nos politiciens nous ont abîmé le tympan et ont pourri nos cœurs depuis des décennies avec leur sérénade sin-sin (Syrie-Arabie Saoudite) et I-I (Israël-Iran), et nous ont entrainé, pour ne pas dire enfoncé, dans leurs querelles, supposées chrétienne-musulmane ou bien sunnite-chiite. Leurs débats sont plutôt tordus et nauséeux. Les couleurs de leurs étendards et autres fanions sont devenues fades. Ils sont partagés entre leur ambition et leur esprit de vengeance. Mais l’ambition et la vengeance ont toujours faim, disent les Danois. 

La confusion

« Certains gens échangent leur honneur contre les honneurs », nous dit Alphonse Karr (les Guêpes, juin 1842) alors que son contemporain le poète français Alfred de Vigny définie l’honneur comme étant la poésie du devoir. Avons-nous perdu le goût de la poésie ou bien allons-nous continuer à vivre dans cette confusion… ?  (18.9.2009)

VIème Jeux de la Francophonie … à la libanaise

3000 jeunes, représentants 44 pays entièrement ou partiellement francophones, se sont rendus au Liban pour y séjourner du 26 septembre au 7 octobre. 3000 athlètes et artistes sont venus des quatre coins du monde pour s’affronter à Beyrouth selon un concept jumelant le sport à la culture. Et Les Français sont les meilleurs pour allier le sport à la culture, ou la finance à la culture. Mais au vu de la classe politique libanaise, c’est l’occasion à ne pas manquer pour exploiter politiquement cet événement exceptionnel.

Le vedettariat 

Les grandes vedettes, athlètes et artistes, sont absents de Beyrouth. Les Jeux de la francophonie semblent attirer essentiellement des athlètes espoirs ou amateurs qui vivent leur première compétition internationale et se contentent d’empocher des médailles en vue d’une promotion à venir. Ainsi le vedettariat était partagé entre la chanteuse libanaise Majida Al-Roumi et la ministre de l’Education Nationale Bahiya Al-Hariri. La présence du ministre de la Culture Tamam Salam n’a fait que mettre en relief l’absence du ministre de la Jeunesse et du Sport Talal Arslane. Heureusement, la présence du Président de la République Michel Sleimane et le remarquable discours qu’il a prononcé à la cérémonie d’ouverture devaient rassurer tout le monde. Ailleurs, plusieurs observateurs se sont étonnés devant l’incapacité des organisateurs à remplir dimanche dernier les gradins de la Cite Sportive dans un pays où il est habituellement facile de mobiliser des centaines de milliers de supporters.

 Quelques regrets

Devons-nous remercier le premier ministre français François Fillon d’être venu au Liban à cette occasion, et d’avoir prononcé un beau discours de soutien à la politique menée par le président Michel Sleimane, ou bien saluer le discours du secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie Abdou Diouf, qui connaît bien les libanais, pour avoir saisi ces VIème Jeux et adressé une fois de plus, un message de solidarité avec les Libanais… ou encore gratifier le charmant prince Albert de Monaco pour son déplacement à Beyrouth où il doit se sentir chez lui ? Nous ne pouvons que regretter l’absence de hauts responsables français,  arabes, canadiens, suisses, belges et autres francophones célèbres. Ils ont tous brillé par leur absence.

 Le rôle des medias

Mise à part la large couverture assurée par les medias du Courant du Futur, la presse libanaise a accordé peu d’intérêt à un événement de cette importance. Dans l’espace francophone, la presse française a ignoré froidement un événement de cette envergure, laissant Radio France Internationale assumer seule la couverture d’une si belle équipée réunissant au total dix mille personnes de culture française venant des cinq continents. Pourtant, « L’idée première, c’est de rassembler la jeunesse de l’espace francophone avec un concept qui lie le sport à la culture, tous les quatre ans, les années post-olympiques », explique Mahamane-Lawam Sériba, directeur du Comité international des jeux.

Un besoin de renaissance

La Francophonie a besoin d’une offensive du français, d’une renaissance, selon l’expression d’Hervé Bourges. Cet ancien journaliste et haut responsable de l’audiovisuel français est le rédacteur d’un rapport consacré à « une renaissance de la Francophonie ». Selon ce document, « la Francophonie… peine à renouveler ses idées et son action ». Il voit « un manque de visibilité, entraînant la perception d’un manque d’efficacité, dans un contexte de relatif affaiblissement de la langue française ». Hervé Bourges estime que « les causes de cette situation sont largement françaises ». Selon lui, la « France est trop repliée sur elle-même », et la Francophonie traîne comme un boulet, l’histoire de la colonisation française. Il constate le faible intérêt des Français pour la Francophonie, ainsi que leur difficulté à « concevoir la diversité culturelle comme source d’enrichissement ». Enfin, Il attribue en grande partie la responsabilité aux « élites ». (2.10.2009)

Et si les magistrats se révoltaient ?

C’est avec beaucoup d’humilité et de sincérité que je présente ce bouquet de citations à son excellence M. Ghaleb Ghanem le président du Conseil Supérieur de la Magistrature: La justice, c’est de donner à chacun son dû (Simonide de Céos, cité par Platon). Platon nous enseigne aussi dans sa République : le bon juge ne doit pas être un jeune homme ; il faut qu’il soit vieux et qu’il est acquis une connaissance de l’injustice. Les Allemands disent: les juges doivent avoir de grandes oreilles et de petites mains. Les Anglais répètent souvent : qui endosse la robe du juge doit oublier sa personne privée. Le renard doit être récusé du jury qui juge la poule. La justice rendue pendant une heure vaut mieux que la fréquentation des temples pendant une année (Henry de Saint-John 1750). Et les Russes pensent que ce n’est pas la loi qu’il faut craindre mais le juge. Avec la justice, vous pouvez faire le tour du monde ; avec l’injustice, vous ne pouvez pas franchir le seuil de votre maison. Il faut trois sacs à un plaideur : un sac de papiers, un sac d’argent, et un sac de patience… selon le penseur  français P-M. Quitard (1860). Enfin les arabes clamaient par le passé: Malheur à la génération dont les juges méritent d’être jugés.

Entre le matinal et le vespéral

Ghaleb Ghanem devait ce jeudi 15 octobre, prononcer deux discours :

-le premier matinal, au Palais de justice, en présence du président de la République Michel Sleimane, du président du Parlement l’avocat Me Nabih Berri, du président du Conseil des ministres sortant Fouad Señora, le ministre de la Justice le professeur émérite Ibrahim Najjar, et un bon nombre de magistrats et d’avocats… à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle année judiciaire.

-le second vespéral, à l’UNESCO devant une assemble d’hommes de lettres et de femmes distinguées, en tant que représentant du Chef de l’Etat, pour commémorer le souvenir d’un ami à son père Abdallah Ghanem, un homme qui a marqué son temps, le Cheikh Ibrahim Almounzer (1875-1950) l’homme de lettres, l’instituteur, le magistrat et l’homme d’Etat.

Dans le premier discours il a échangé avec le Chef de l’Etat, le ministre de la justice et le Bâtonnier de Beyrouth Me Ramzi Jreige, les propos coutumiers dits et répétés depuis des années… c.à.d. depuis les débuts de la guerre civile en 1975 jusqu’à nos jours. Dans le second, il était plus éloquent, plus évocateur car il était question d’un passé glorieux quand le Liban pullulait de vrais hommes, des hommes qui incarnaient les grandes valeurs et défendaient les justes causes.

La justice est souveraine

Les propos du Président Sleimane étaient clairs : « Si le devoir de l’État est de garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, la responsabilité principale incombe au juge qui doit respecter (et faire respecter) son serment, loin, très loin de toutes les influences politiques et des intérêts personnels. Si le devoir de l’État est de renforcer l’immunité du juge sur le double plan professionnel et social (!) Il reste que l’une des premières obligations du juge est de poursuivre son instruction et de renforcer sans cesse son immunité », a ajouté le chef de l’État. Pour le président de la République, « l’État doit assurer aux citoyens, la liberté et l’égalité dans tous les domaines », et c’est « la Justice qui organise (et maintient) la relation entre la justice et l’égalité, et garantit l’équilibre entre ces deux principes… La justice est, pardessus tout souveraine, contrairement aux autres principes, car elle est absolue, alors que la liberté connaît des limites ».

Sauver l’essentiel

Mais que doit faire le magistrat, si l’Etat s’avère déficient pour garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire et incapable de renforcer l’immunité du juge ? Se croiser les bras, ou bien se laisser emporter par la vague ! Non et mille fois Non… ! Car nos illustres ancêtres, nos martyrs dont le sang n’a pas encore séché, ainsi que nos petits enfants ne méritent pas cela. Si l’Armée nationale est sans doute le dernier rempart pour sauvegarder dans l’état actuel, notre unité national…, vous êtes, mesdames messieurs, plus que jamais notre dernier recours pour sauver l’essentiel, « la dignité de l’homme » au Liban et pour pouvoir distinguer « la frontière qui sépare la justice de l’injustice ». (23.10.2009)