On attribue à Virgile, selon ses commentateurs la phrase suivante : On se lasse de tout sauf de comprendre. Mais Anatole France nous conseille dans la Révolte des Anges (1914) : Mieux vaut comprendre peu que de comprendre mal. Par contre Spinoza (1677) affirme : Comprendre est le commencement d’approuver. Il ne faut pas chercher à comprendre Walid Joumblatt, comme on le fait habituellement avec les autres hommes politiques libanais ; il faut tout simplement le comprendre et l’accepter tel quel. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre (Cervantès, Don Quichotte 1605).
Le leader druze
Ce prince de la politique libanaise avec toutes ses contradictions, héritier fidèle d’une lignée d’initiateurs et autres aventuriers, est un faiseur d’événements pour les uns, déroutant pour les autres. Il prouve pour la énième fois qu’il est le leader qui conduit et anime, en quelque sorte, la vie politique libanaise comme l’a été son père le martyr Kamal Joumblatt. Nous promettons selon nos espérances et nous donnons selon nos craintes (La Rochefoucauld 1665) C’est son leadership druze qui prédomine et l’emporte sur tout le reste. C’est le saint des saints pour cet ancien élève des Jésuites. Islamisme ou humanisme, arabisme ou arabité, féodalité, socialisme ou social démocratie, francophonie ou francophilie, russophone sans déplaire aux américains, le tout n’est qu’un jeu de quilles. Se tromper est humain, persister dans son erreur est diabolique (St. Augustin). Toute sa vie, Walid Joumblatt avait des comptes à régler, sinon des brèches à ouvrir, tenant compte des circonstances dominantes, surtout quand il faut faire pencher la balance. Il ne vous demande pas de le suivre dans sa campagne. Il vous demande seulement de faire l’effort nécessaire pour le comprendre.
Réaliste et pragmatique
Je pense que Walid bey est un admirateur discret du style François Mitterrand, l’ancien président de la République Française. Réaliste et pragmatique, c’est un praticien, au quotidien, de la vie politique au Liban. Il n’aime pas les faibles, ces futurs perdants. Il préfère côtoyer les braves et serrer la main aux plus forts. C’est le propre de l’homme de se tromper ; seul l’insensé persiste dans son erreur (Cicéron env. 60 av. J.C.). C’est un grand rêveur, mais pas assez méditatif comme son père. Car la succession des événements et surtout leurs cruautés ont dû sûrement l’empêcher d’avoir le temps de flâner.
Le survivant
Walid Joumblatt et la montagne Libanaise sont de vrais complices, comme la salive et la langue. Qui a façonné qui ? C’est une longue histoire, tel un chapelet interminable. Les Joumblatt sont comme tous ces montagnards libanais, syriens et palestiniens qui cherchent depuis cent ans, à survivre contre vent et marias, sinon déguerpir, partir pour vivre aux quatre coins du monde, comme tous ces centaines de milliers qui ont fui toutes ces petites et grandes guerres. Il me semble que la dernière mise en garde adressée par Walid bey à ses coéquipiers du Groupement du 14 mars, doit porter ses fruits dans les jours qui suivront. Pourra-t-il un jour avec son franc-parler, expliquer à ses concitoyens, pourquoi les responsables politiques libanais doivent-ils consulter au moins cinq gouvernements régionaux et cinq autres mondiaux, toutes les fois où ils sont appelés à élire un nouveau président de la république ou bien former un nouveau gouvernement national… ! (7.8.2009)