703 candidats… libres et démocrates !

Je voudrais croire, en ma qualité de citoyen libanais, que ces sept cents trois candidats aux prochaines élections législatives sont des personnes libres et démocrates, qu’ils ont un bon cœur et une bonne  volonté pour réussir et servir leur pays. 703 candidats pour 128 sièges, c’est-à-dire 5,5 candidats pour chaque banquette. Il semble que c’est un chiffre jamais atteint au Liban et qui va peut-être figurer dans le livre des records, avec en tête la circonscription de Minyé-Danniyé au nord de Tripoli, où quarante candidats postulent pour trois sièges.

Le président de la république

A la grande surprise des libanais le président de la république Michel Souleimane a inauguré le Centre de supervision et de surveillance des élections, entouré de ses paires MM. Nabih Berri président de la Chambre des députés et Fouad Señora président du Conseil des ministres et a saisi l’occasion pour s’adresser en direct aux libanais. Apres avoir salué tous les efforts déployés par le ministre de l’intérieur, il a exhorté tous les libanais à participer au scrutin du 7 juin prochain, en les mettant en garde contre tout excès. Il a vanté les mérites de la société civile, libre et démocrate et la détermination de tous à mener les élections en une journée, déplorant  le renvoi de la proportionnelle à plus tard. Il a appelé les gagnants et les perdants à accepter les résultats du scrutin. Et il n’a pas raté cette occasion pour lancer une mise en garde et inciter les électeurs à refuser, dénoncer et combattre «l’argent électoral».

Le suffrage populaire 

Le suffrage populaire est un des principes fondamentaux de la démocratie où la population d’une ville ou d’un pays est appelée à voter en toute liberté pour désigner ses représentants au conseil municipal, cantonal, régional et national. Le taux de participation ne dépasse pas communément les deux tiers de la population. Et pour être déclaré vainqueur le postulant doit obtenir la confiance de plus de la moitié des votants, ce qui vaut le tiers du nombre des personnes ayant droit au vote. Autrement dit le candidat vainqueur a obtenu la confiance et la sympathie d’un premier tiers, le discrédit d’un deuxième tiers et l’indifférence ou l’absence pour maintes raisons du tiers restant. Ainsi un démocrate authentique une fois élu  doit comprendre qu’il doit être au service de toute la population et non de ceux qui ont voté en sa faveur.

Le phénomène libanais

Présenter sa candidature dans un scrutin populaire est généralement un acte sérieux et responsable dans une société dite développée, ou le candidat est épaulé par un parti politique ou soutenu par un groupe de pression professionnel ou sectoriel. Au Liban la moitié des prétendants  se porte candidats selon un principe: et pourquoi pas moi ? Une autre catégorie de candidats ont senti le besoin de grossir leur image de marque auprès de leurs collègues. D’autres luttent pour ressusciter ou perpétuer la mémoire d’un proche jadis élu moukhtar ou député sous le mandat français ou bien le mandat syrien. Il ya aussi les vétérans de la triste guerre civile qui ne savent pas quoi faire et ou aller depuis vingt ans passés.

Le citoyen-électeur

Mais le plus dur des constats est le suivant: au lendemain de la journée électorale et jusqu’au prochain scrutin, la majorité des libanais vont tenir à l’égard des candidats perdants presque le même respect et compliments réservés souvent aux candidats gagnants. Autrement dit, le perdant est ainsi considéré comme un gagnant probable au prochain scrutin surtout s’il parvient à entretenir son image de marque de bienfaiteur en offrant un générateur électrique par ci ou parrainer un petit club par là, sans oublier de présenter ses sincères condoléances à l’autre bout de la ville. Mieux encore: il faut surtout qu’il continue à entretenir les meilleures relations avec la presse locale et nationale, pour faire passer ses nouvelles et publier  toutes ses photos prises pendant les réceptions données par les ambassadeurs et ambassadrices de tout pays.

L’imbroglio

Enfin je pose la dernière question : qui doit-on plaindre, le citoyen-électeur ou bien le citoyen-candidat ? Personnellement je plains les deux parties, car elles souffrent chacune à sa façon de cet imbroglio qui règne sur la vie publique libanaise et empêche l’avènement d’un quelconque changement salutaire. (10.4.2009)

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