« Je crois que nous avons pris la bonne décision pour les bonnes raisons parce que la communauté internationale demandait depuis des années à Saddam Hussein de respecter le droit international et les obligations internationales qu’il avait acceptées », a déclaré Gordon Brown le premier ministre britannique, devant la commission d’enquête sur la guerre en Irak de 2003.
Brown regrette
Londres pensait qu’il était impossible de persuader Saddam de respecter le droit international, et avait œuvré « jusqu’à la dernière minute, jusqu’au dernier week-end », pour une solution diplomatique. Gordon Brown, alors ministre des finances, regrette vivement de n’avoir pas pu « convaincre les Américains que la reconstruction du pays (l’Iraq) était aussi essentielle que la préparation de la guerre ». Et alors qu’est ce qu’ils comprennent ces Américains à part le rock et le twist… ! Dalida a omis de dire qu’ils savent aussi faire la guerre. L’absence d’une nouvelle résolution des Nations unies, une majorité de Britanniques opposée à la guerre, sans oublier les Français, les Espagnoles et les Italiens qui n’étaient pas non plus convaincus par l’aventure anglo-américaine…, ont rendu cette intervention militaire « illégale ». Le tout n’a pas dissuadé, pour autant, Tony Blair d’entrer en guerre contre l’Iraq de Saddam Hussein, au printemps 2003.
Les vieux démons
Depuis la chute du régime soviétique il y a vingt ans, les dirigeants des puissances occidentales ont repris les vieux slogans et autres devises : défense et promotion des valeurs civilisatrices judéo-chrétiennes, guerre juste, guerre préventive, la guerre comme prolongement de la politique « par d’autres moyens », et surtout une nouvelle classification des peuples et des Nations. Ainsi le monde est reparti en trois catégories : les Etats pré-modernes du Tiers monde y compris les émergents, les Etats modernes (les Etats-Unis d’Amérique et le Canada), et les Etats postmodernes (les Etats de l’Union européenne). Il s’agit d’un nouvel impérialisme qui va restaurer là où il faut, et au nom des valeurs occidentales, la démocratie occidentale, selon le diplomate britannique Robert Cooper.
L’enthousiasme de Blair
« Jamais depuis la crise de Suez un premier ministre britannique ne s’était demandé avec un tel enthousiasme ce que la Grande-Bretagne pouvait faire pour le reste du monde. Cela ressemble fortement au projet des victoriens qui souhaitaient exporter leur civilisation au monde entier, » écrit Niall Ferguson l’historien conservateur à propos de Tony Blair, dans son ouvrage Empire. How Britain Made the Modern World (2004). « La raison pour laquelle je pense qu’il y a un danger aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des Etats, notamment l’Iran, qui font une interprétation extrémiste et erronée de l’islam ». Voila que Tony Blair est soucieux de défendre le « bon musulman » contre le « mauvais » musulman. En effet et sans aucune hésitation Georges Bush junior et Tony Blair ont estimé au nom de leurs « valeurs », et bien avant 2003, qu’une intervention militaire en Irak était à la fois nécessaire et souhaitable. Le reste n’a été qu’un camouflet juridique, diplomatique et médiatique. Ils rêvaient ensemble, dit-on, d’un empire qui « couvrait le monde entier ».
La méthode Obama
Barak Obama ne désarme pas. Il faut avouer que son héritage est trop lourd. Le guerrier humanitaire reprend à sa façon, le flambeau en continuant de prêcher la bonne parole. Que doit-on dire bientôt de l’expédition américano-européenne qui occupe le terrain depuis dix ans en Afghanistan, contre leurs anciens alliés, les Talibans et les fantômes d’Al-Qaeda ? Que devons-nous dire du conflit interminable israélo-palestinien ensemencé, nourri aux seins et maintenu contre vent et marais, par les puissances occidentales depuis bientôt cents ans ? Obama va-t-il pouvoir retirer ses troupes de l’Iraq en 2011 ? Va-t-il trouver un terrain d’entente avec les Iraniens moyennant un nouveau partage d’influence avec les Israéliens ? Va-t-il quitter l’Afghanistan avant d’attraper l’ennemi juré Oussama Ben Laden et ses fideles compagnons ? Va-t-il enfin réussir de convaincre les Palestiniens de tout céder, et de se soumettre au plus grand « transfert » de populations jamais réalisé depuis la décolonisation il y a cinquante ans ? (12.3.2010)