Mon âme a tremblé de joie et mon cœur a frémi, quand mes bons amis m’ont appelé pour m’annoncer le retour du Père Yoakim Moubarak, et m’ont invité à accueillir avec eux son corps dans son Kafarsgab natal où il a souhaité reposer auprès de ses semblables, les Cèdres millénaires du Liban.
Liberté chérie
C’était un homme libre, qui prêchait la liberté de l’esprit, la liberté d’entreprendre… la liberté d’aimer l’autre. Fils du curé de son village, il a donné à sa propre mission une dimension à la hauteur de son vingtième siècle, avant de s’inscrire en tète de liste de notre vingt et unième comme un pionnier, un défricheur et un bâtisseur. Il croyait que le nouveau siècle serait spirituel ou ne le serait point. Il avait le droit de parler seulement aux intellectuels et aux universitaires, parce qu’on lui a presque interdit de s’adresser au peuple. Qui parle sème et qui écoute récolte… et Père Yoakim était plutôt un semeur, parce qu’il a été un grand lecteur, et la voix du seigneur retentissait souvent dans ses oreilles. Mais le bon sel pique, disent les Espagnols.
La petite histoire
Il avait beaucoup de petites histoires à raconter. Il aimait aussi écouter celles des autres… ces histoires qui portent en elles l’essentiel. Un jour il m’a demandé: où tu as puisé tes connaissances de l’Islam ? Son visage s’est éclairci d’un beau sourire quand je lui ai répondu: mon grand-père maternel Abou Afif, un homme pieux, qui m’a offert le jour où j’ai obtenu mon Certificat d’études primaires, deux précieux livres, l’Evangile et le Coran… et m’a conseillé de prendre tout le temps nécessaire pour les lire. Ensuite j’ai eu la chance d’écouter les discours et lire les ouvrages de Monseigneur Georges Khodr et du Cheikh Sobhi Saleh, et de bien d’autres.
Un homme bon
Père Yoakim pensait avec Marivaux (Le Jeu de l’amour et du hasard 1730), que dans ce monde il faut être un peu trop bon pour l’être assez… alors qu’au fond de son âme il savourait avec J. Joubert (1754-1824) qui avait dit un jour: c’est un bonheur, une grande fortune d’être né bon. La bonté chez Père Yoakim, devait rejoindre l’intelligence pour pouvoir exceller et permettre au savant d’être à la fois simple, sincère, humble et sage. Il croyait avec Platon que la simplicité véritable allie la bonté à la beauté.
Reconnaissance et fidélité
Le retour du corps du Père Yoakim doit inspirer et inciter tous ses disciples et autres adeptes, à se constituer en comité associatif pour défendre et promouvoir le grand héritage qu’il nous a gracieusement légué. Nous lui devons reconnaissance et fidélité. (11.9.2009)