Mr. Javier Solana le diplomate en chef de l’Union européenne, après avoir rencontré, au moins une demi douzaine de nos responsables politiques, s’est joint à la chorale pour assurer tous les Libanais que leur nouveau gouvernement naîtra très bientôt. Et il a affirmé que ce gouvernement servait les intérêts de tout le monde. Il a aussi saisi l’occasion pour mettre le doigt sur la grande plaie et aller au fond du problème en déclarant avant son départ de Beyrouth: j’espère que la communauté internationale et Israël arriveront à trouver un moyen pour assurer le retour des refugiés palestiniens sur leur terre.
Messieurs « tout le monde »
Un lecteur novice me demanda: mais qui sont ces messieurs « tout le monde » ? Le peuple libanais figure-t-il dans cette rubrique ? Je ne le pense pas, du moins pour le moment. Le monde se lasse facilement de ceux qui ont commencé à se lasser de lui (le Chancelier suédois Oxenstiern 1583-1654). D’une part, La glace est brisée entre Hariri et Aoun. Joumblatt soutient, bon gré mal gré, les efforts de Saad Hariri. Geagea s’est calmé. Le Hezbollah est imperturbable. Nabih Berri se contente de marquer des points sans démasquer les faux jetons. Ailleurs, Aoun résiste, soutenu indirectement par le Concile des Evêques maronites qui a haussé le ton lors de sa réunion mensuelle.
Au bal masqué
En effet, tout le monde est appelé à se rendre au bal masqué, à entrer dans la ronde, et à danser jusqu’à l’ivresse. Autrement dit, tout le monde doit se préparer soigneusement et scrupuleusement à rejoindre la grande Chorale, pour chanter tout haut le nouvel hymne à la joie et la paix, un nouveau cantique des cantiques. Rien ne presse semble t-il. Or les pourparlers et autres négociations multilatérales entre américains, européens, syriens, saoudiens, égyptiens, turcs, israéliens, et iraniens exigent beaucoup de temps, de patiente et de savoir faire de la part de tout le monde, car leurs intérêts sont en jeu.
Attendre et voir venir
L’attente que nous nourrit l’espoir n’est pas une véritable attente…et attendant un peu pour finir plus vite, disent les anglais. A qui sait attendre, le temps ouvre ses portes, disent les chinois. Mais dans l’attente, les Généraux libérés font exploser les anciennes mines au Liban. Deux anciens ministres israéliens ont été récemment écroués pour purger des peines de prisons pour corruption, et le procès pour viol et harcèlement sexuel de l’ex-président Moshé Katzav continue à Tel-Aviv, alors que le peuple d’Israël ne saura jamais s’il avait gagné la bataille ou perdu à la guerre de 1982 à 2009. Le président égyptien Hosni Moubarak s’acharne à assurer lui-même sa succession. Le président syrien Bachar el-Assad continue à tirer ses marrons du feu. Le régime saoudien couve royalement ses secrets de polichinelle. Et enfin, Barak Obama comme son collègue Michel Sleimane, ont réussi leur iftar pour faire progresser le dialogue et la cohésion entre les diverses communautés et classes sociales de leurs pays, en vue de préserver et assurer les intérêts de tout le monde. Les vertus se perdent dans l’intérêt, comme les fleuves dans la mer (La Rochefoucauld 1665). (4.9.2009).