L’avenir de tout pays est étroitement lié au destin que lui souhaite sa population. Autrement dit c’est aux citoyens d’agir démocratiquement pour choisir le destin qu’il désire en vue de construire leur avenir. Et pour y parvenir il leur faut créer le régime politique approprié et propice au développement d’une classe politique ouverte à tous les courants. Si d’une part nous portons une grande affection aux pionniers de l’indépendance du Liban parce qu’ils ont doté le pays du cèdre d’un régime républicain et parlementaire, par contre nous reprochons vivement à leurs successeurs d’avoir détourné la démocratie de ce régime aux profits de leurs propres intérêts. nous avons effectivement vu s’installer depuis les années 1950 des oligarchies politico-économiques composées de propriétaires terriens, de grands commerçants et une intelligentsia soutenue par les ordres religieux de toutes les confessions du pays. Et La dolce Vita qui a perduré pendant deux décennies au Liban, prit fin avec le déclenchement d’une guerre fratricide en 1975 et provoqua la chute de toute une classe politique, dont quelques rescapés ont néanmoins survécu en sachant d’abord cohabiter avec les chefs des milices et en acceptant de partager avec eux les nouvelles donnes sociopolitiques issues de l’Accord, ou des accords de Taëf.
Une politique de partage
Or ces nouveaux accords intégrés à la constitution libanaise ont mis un terme à la guerre et tracé une nouvelle politique de partage des pouvoirs au Liban entre leaders politiques et chefs de guerre des principales communautés confessionnelles au détriment des autres composantes et factions du pays. On a vu ainsi se concentrer à Beyrouth la réalisation des grands projets de reconstruction jeter dans les oubliettes les recommandations claires de Taëf portant entre autre sur la décentralisation administrative du pays et le développement équitable entre les régions.
Durant toute cette période les hommes politiques au pouvoir ne se sont guerre souciés de l’avenir du Liban et encore moins du sort des libanais, bénéficiant de la complicité des puissances régionales et internationales pour qui le conflit israélo-palestinien passait avant tout autre problème au Moyen-Orient. Et une fois de plus aujourd’hui l’établissement définitif des réfugiés palestiniens au Liban est évoqué malgré l’opposition farouche de la majorité des libanais.
L’assassinat de l’ancien chef du gouvernement Rafiq Hariri paralysa tout le pays pendant trois années et plonger les libanais dans la peur. Paradoxalement la guerre meurtrière déclenchée par l’aviation israélienne sur tout le Liban en juillet 2006 et les combats meurtriers du camp de Nahrelbared ont engendré une solidarité populaire et une entente nationale malgré les gesticulations des uns et le désenchantement des autres. Les pourparlers de Doha ont finalement forcé la main aux députés pour élire un nouveau président de la république le Gl. Michel Souleimane et la formation d’un nouveau gouvernement d’entente nationale ayant pour mission principale l’organisation des élections parlementaires le 7 juin prochain.
Crucial et décisif
Une fois de plus nous entendrons la majorité des hommes politiques libanais dire et répéter tout haut que ces élections sont plus que jamais cruciales et décisives pour l’avenir du pays, et particulièrement depuis 1972. Mais il semble que ces deux mots « crucial » et « décisif » utilisés à tort et à travers par toute la classe politique libanaise, depuis des décennies, ont été vidé de leur vrai sens. Car le citoyen libanais n’a effectivement plus de force pour protester et crier tout haut ses priorités et ses besoins essentiels: l’eau courante, le courant électrique, les soins médicaux et la paix civile.
Va-t-il enfin exprimer ses mécontentements dans les urnes comme jamais il ne l’a fait auparavant, ou bien va-t-il réélire ceux qui se sont substitués aux pouvoirs publics après les avoir volontairement et ouvertement spoulés et affaiblis..? Va-t-il s’abstenir de se rendre aux urnes, parce qu’il est tout simplement dégoûté et fatigué d’être libanais..? Va-t-il en clair démissionner et céder sa place et ses droits à celui qui attend impatiemment de les lui arracher depuis des décennies..? (13.2.2009)