Entre l’indignation des uns et l’indifférence des autres, les libanais sont dégoûtés de l’attitude de la plupart des hommes politiques au pouvoir. Mais si l’indignation n’est pas un état d’esprit politique, selon Bismarck, l’indifférence est le plus grand mépris, d’après le dicton populaire français. Or la plupart de nos politiciens mènent leur vie sans se soucier de ce que pensent d’eux, en particulier leurs propres électeurs… peut-être parce qu’ils croient avoir possédé leurs âmes quand ces derniers ont monnayé leurs voix le 7 juin dernier.
Etre dupe ou fripon
Le Cardinal Mazarin disait un jour : croyez tout le monde honnête, et vivez avec tous comme avec des fripons. Et les Libanais cohabitent selon ce dicton, depuis quatre décennies. Or Il semble que les peines légères parlent haut, alors que les grandes douleurs se taisent. Privés pratiquement d’eau, d’électricité et maints autres services publics depuis le début de la réhabilitation du pouvoir central politico-économique en 1990, les Libanais ont accumulé les déceptions et ne se font plus d’illusions, parce qu’ils ont enfin compris avec Molière qu’on est aisément dupé par ce qu’on aime, sinon être dupe ou fripon, selon Regnard. De plus, nos politiciens à la fois chevronnés et novices ne savent jamais prendre des vacances ou bien faire une pause. Ils sont braves et généreux pour dépenser un milliard de dollars en vue de posséder une majorité parlementaire, glorifiant abusivement les mérites de la démocratie à la libanaise, et appelant sans cesse tout haut et tout fort, les libanais à regagner l’Etat, alors qu’ils s’avèrent être les plus grands fauteurs de troubles et les plus mauvais contribuables du monde.
Lentement mais sûrement
Jamais les arabes, et tout particulièrement les libanais, ne se sont accordés autant avec les italiens pour dire : qui va lentement va sûrement, et qui va sûrement va loin. Comme la plupart des libanais, je voudrais bien suivre à la lettre ce fameux dicton populaire, à la seule condition de ne plus entendre et lire toutes ses déclarations houleuses et contradictoires, surtout celles sortant de la bouche des membres d’une prétendue majorité gouvernementale. Or en dressant un état des lieux, on doit supposer qu’il n’y a plus rien à becter, sauf si quelques uns sont largement payés pour maintenir le pays dans le vide, dans l’attente de voire surgir une quelconque « solution finale ».
Modestie, Médisance et diffamation
Le plaisir et la gloire ne s’accordent jamais, lit-on dans les Sentences de Publilius Syrus au 1er s. av. J.C. Thomas Gray nous dit que les sentiers de la gloire conduisent au tombeau. Et c’est Saadi le philosophe iranien du XIIIe s. qui écrit dans son Bustan : Qui diffame autrui révèle ses propres tares. Autrement dit, celui qui médit auprès de toi médira de toi. Mais qui, parmi les libanais, n’a pas compris que les attaques verbales contre les ministres de l’intérieur Me Ziyad Baroud et des PTT l’ingénieur Gibrane Basil, sont pour le moins qu’on puisse dire, médisantes et diffamatoires ! Si je suis un sot on me tolère; si j’ai raison on m’injure (Goethe in Maximes et Réflexions)
Personnellement je continue à patienter et à espérer voir émerger dans les meilleurs délais possibles une quelconque coalition entre les mouvements de nos leaders Hariri, Aoun, Nasrallah et Joumblatt… sous la houlette du Président Michel Sleimane, si nos politiciens tiennent sincèrement à sauver le Liban et à construire un avenir paisible et salutaire pour tous les libanais, qui le méritent vivement après toutes ces décennies de souffrances et de résistances. Enfin, je salue l’avènement du mois de Ramadane qui, je l’espère, va accorder à tout le monde, le temps nécessaire à la réflexion et à la méditation : on pardonne aisément un tort que l’on partage (J. de Jouy dans livret de Guillaume Tell-1829). Autrement dit, est-il raisonnable d’avoir toujours raison… ? (21.8.2009)