Il paraît intègre, honnête, souriant voire même charmeur. Mais Il a l’air aussi convaincant et déterminé à faire avancer les choses. Il utilise le verbe à bon escient joignant la poésie à la stratégie. C’est un homme de bonne volonté, dit-on, un interlocuteur attentif et respectueux. Il sait surtout qu’il va passer ses quatre années à la Maison Blanche à restaurer l’image de marque des Etats-Unis, dénaturée par son prédécesseur, et à raccommoder tous ces fils et ficelles qui ont fait la grandeur de son pays depuis cent ans passés.
Trop beau pour être vrai
Mais il est trop beau pour être vrai, disent les sceptiques. Il a réconcilié la France avec le NATO brisant à jamais toute résistance gaullienne. Il a rassuré la Pologne, soutenu la Turquie contre la France et l’Allemagne opposées à son admission dans l’Union Européenne, et a invité presque tous les pays de l’Europe de l‘Est à rejoindre le NATO. Il a épaté le monde arabo-musulman dans son discours à Istamboul où il a révélé implicitement qu’il compte autant sur la Turquie kémalo-islamique que sur l’Europe chrétienne. A Strasbourg Barack Obama a salué le peuple de la liberté, égalité, fraternité et à Prague, le peuple de la Sametova Revoluce, la révolution de velours. Il a même lancé une mise en garde ferme et claire à l’encontre du nouveau gouvernement israélien.
La reprise économique
Après une très mauvaise année 2009 la reprise mondiale devrait intervenir dans le courant de 2010, a déclaré récemment, Jean-Claude Trichet le président de la Banque centrale européenne en ajoutant qu’il faut que tout soit mis en œuvre très rapidement pour restaurer la confiance comme point de départ et élément fondamental pour toute reprise souhaitée. Et le président Obama le sait très bien, et bien avant son arrivée à la Maison Blanche. Les plans de relance seront-ils suffisants, environ un mille milliards de dollars pour les besoins du marché national américain et cinq milles milliards de dollars votés par le G20 à Londres ? Or les finances vont se heurter à des limites si les grands de ce monde ne parviennent pas à rétablir cette confiance populaire indispensable à la cohésion sociale et à la reprise de la consommation des ménages. La Chine et le Brésil vont-ils vouloir ou pouvoir apporter leur soutien au dollar… et pour combien de temps ?
Le Grand Moyen-Orient
Au Moyen-Orient les Etats-Unis s’interrogent plus que jamais sur les conséquences de leur soutien inconditionnel à Israël depuis 1967. Or le bilan est pour le moins décevant car cette alliance a bloqué toute possibilité d’action volontaire et coopérative avec les Etats arabes alliés fidèles des Etats-Unis, et l’anti-américanisme atteint partout dans le monde arabo-musulman des sommets sans précédent, en particulier depuis l’échec cuisant en Irak et la débâcle militaire israélienne au Liban et à Gazza. Ainsi M. Obama s’est adressé à la Turquie Kémalo-islamique pour renouer avec son gouvernement les meilleures relations et lui confier plusieurs missions délicates: superviser des négociations de paix entre Israël et la Syrie, animer une triangulaire syro-irako-iranienne, et servir de plateforme à un dialogue avec le monde arabo-musulman. Ceci explique peut-être l’éclat et la fermeté dans l’attitude du président turque M Erdogane à l’égard du président israélien Shimon Perez à Davos.
Redéfinir les priorités
Le Traite de non-prolifération est peut-être, dans les faits, beaucoup plus dépassé qu’on ne l’avoue généralement. Or malgré toutes leurs bonnes intentions, les grands de ce monde ont du mal à s’entendre sur des instruments dissuasifs dans une région où trois grands pays, en l’occurrence l’Inde, le Pakistan et Israël, possèdent depuis des décennies leur arsenal nucléaire. Le nucléaire est devenu depuis longtemps un sujet d’affrontement politique interminable avant même d’être un enjeu militaire et industriel. Mais que peut-on faire pour résorber la crise économique dans des pays comme les Etats-Unis, la Russie, le Grande Bretagne, la France et même la Suisse, où l’industrie militaire représente 10 à 20 % de leur PNB ?
Good Luck Mr. president !
En attendant la prochaine tournée asiatique du président Obama, Richard Holbrooke l’envoyé américain pour l’Afghanistan et le Pakistan, qui s’est rendu cette semaine à Kaboul, Islamabad et New Delhi, a vite mesuré les difficultés de sa mission, surtout après avoir tenté de promouvoir une approche régionale de la lutte contre le terrorisme islamiste en insistant sur le péril commun qu’il fait courir à la région. Il s’est heurté à un scepticisme général, car cette menace commune ne rime pas avec des intérêts nationaux divergents voire antagonistes, surtout entre l’Inde et le Pakistan. (17.4.2009)