3000 jeunes, représentants 44 pays entièrement ou partiellement francophones, se sont rendus au Liban pour y séjourner du 26 septembre au 7 octobre. 3000 athlètes et artistes sont venus des quatre coins du monde pour s’affronter à Beyrouth selon un concept jumelant le sport à la culture. Et Les Français sont les meilleurs pour allier le sport à la culture, ou la finance à la culture. Mais au vu de la classe politique libanaise, c’est l’occasion à ne pas manquer pour exploiter politiquement cet événement exceptionnel.
Le vedettariat
Les grandes vedettes, athlètes et artistes, sont absents de Beyrouth. Les Jeux de la francophonie semblent attirer essentiellement des athlètes espoirs ou amateurs qui vivent leur première compétition internationale et se contentent d’empocher des médailles en vue d’une promotion à venir. Ainsi le vedettariat était partagé entre la chanteuse libanaise Majida Al-Roumi et la ministre de l’Education Nationale Bahiya Al-Hariri. La présence du ministre de la Culture Tamam Salam n’a fait que mettre en relief l’absence du ministre de la Jeunesse et du Sport Talal Arslane. Heureusement, la présence du Président de la République Michel Sleimane et le remarquable discours qu’il a prononcé à la cérémonie d’ouverture devaient rassurer tout le monde. Ailleurs, plusieurs observateurs se sont étonnés devant l’incapacité des organisateurs à remplir dimanche dernier les gradins de la Cite Sportive dans un pays où il est habituellement facile de mobiliser des centaines de milliers de supporters.
Quelques regrets
Devons-nous remercier le premier ministre français François Fillon d’être venu au Liban à cette occasion, et d’avoir prononcé un beau discours de soutien à la politique menée par le président Michel Sleimane, ou bien saluer le discours du secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie Abdou Diouf, qui connaît bien les libanais, pour avoir saisi ces VIème Jeux et adressé une fois de plus, un message de solidarité avec les Libanais… ou encore gratifier le charmant prince Albert de Monaco pour son déplacement à Beyrouth où il doit se sentir chez lui ? Nous ne pouvons que regretter l’absence de hauts responsables français, arabes, canadiens, suisses, belges et autres francophones célèbres. Ils ont tous brillé par leur absence.
Le rôle des medias
Mise à part la large couverture assurée par les medias du Courant du Futur, la presse libanaise a accordé peu d’intérêt à un événement de cette importance. Dans l’espace francophone, la presse française a ignoré froidement un événement de cette envergure, laissant Radio France Internationale assumer seule la couverture d’une si belle équipée réunissant au total dix mille personnes de culture française venant des cinq continents. Pourtant, « L’idée première, c’est de rassembler la jeunesse de l’espace francophone avec un concept qui lie le sport à la culture, tous les quatre ans, les années post-olympiques », explique Mahamane-Lawam Sériba, directeur du Comité international des jeux.
Un besoin de renaissance
La Francophonie a besoin d’une offensive du français, d’une renaissance, selon l’expression d’Hervé Bourges. Cet ancien journaliste et haut responsable de l’audiovisuel français est le rédacteur d’un rapport consacré à « une renaissance de la Francophonie ». Selon ce document, « la Francophonie… peine à renouveler ses idées et son action ». Il voit « un manque de visibilité, entraînant la perception d’un manque d’efficacité, dans un contexte de relatif affaiblissement de la langue française ». Hervé Bourges estime que « les causes de cette situation sont largement françaises ». Selon lui, la « France est trop repliée sur elle-même », et la Francophonie traîne comme un boulet, l’histoire de la colonisation française. Il constate le faible intérêt des Français pour la Francophonie, ainsi que leur difficulté à « concevoir la diversité culturelle comme source d’enrichissement ». Enfin, Il attribue en grande partie la responsabilité aux « élites ». (2.10.2009)