Je pense que le citoyen libanais a le droit de s’interroger et réclamer des réponses claires et nettes à toutes les questions concernant le Tribunal à caractère international pour démasquer, juger et châtier les criminels, et sauver le Liban… En effet, le citoyen est désorienté depuis quatre années passées devant toutes ces tractations interminables sous couverts de débats juridiques et politiques au quotidien, mais qui ressemblent plutôt à des arrangements à l’échelle nationale, et des conciliations à l’échelle régionale et internationale.
Egaux devant la peur
Or tous les libanais sans exception se sentent concernés, chacun à sa façon, par les travaux de ce Tribunal spécial destiné aussi à libérer les libanais de leur peur et de leur inquiétude qui enveloppent leur passé et bouchent en même temps leur avenir. Car c’est le Liban tout entier qui peine et souffre des conséquences de la mort de tous ses martyrs, ceux de la révolution des cèdres, mais aussi et surtout ces cent cinquante milles morts tombés pendant la dénommé guerre civile qui dura quinze ans.
Egaux devant la vie et la mort
Personnellement je pense que le manque de respect à l’égard de nos martyrs et autres victimes de cette odieuse guerre civile, est à l’origine de tous nos malheurs survenus depuis la fin du conflit. Et le citoyen libanais, au fond de son âme et conscience, n’a jamais cessé de penser à tous ses martyrs sans exception et exige des réponses satisfaisantes à deux questions principales:
-Pourquoi toute cette « croisade politico-juridique » nationale et internationale qui a immobilisé la vie politique, sociale et économique du Liban et a placardé tous les libanais dans la suspicion et la peur de tout, alors que tous les autres assassinats perpétrés depuis 1975 et jusqu’en 2005 sont restés lettres mortes ? Pourtant on retrouve parmi ces martyrs un premier ministre, un mufti de la république, l’Imam d’une principale communauté religieuse, le chef politique et historique d’une autre communauté bien trempée dans l’histoire du pays, et une longue liste de journalistes et de résistants à toutes les forces armées qui ont occupé le Liban pendant ces quatre décennies passées.
-Allons-nous continuer à vivre dans la peur et la suspicion et rester suspendus aux postes de radio et de télévision et aux MSM qui nous hante 24 sur 24 ? Ou bien nous allons voir s’installer une accalmie parmi cette armada de journalistes, analystes et stratèges qui poussent comme ces champignons après chaque pluie, au moins jusqu’au 7 mai prochain où les libanais sont appelés à choisir leurs nouveaux élus à la chambre des députés… ?
L’avenir des Libanais
Il semble que les hommes politiques et leurs bouc-émissaires sont plutôt déterminés à gonfler leur dispositif et doubler leur mise pour riposter coup par coup à chaque déclaration ou tir de pétards. Car tous clament tout haut que ces prochaines élections législatives sont cruciales et décisives plus que jamais pour l’avenir du Liban et le bien-être des libanais. En résumé si le passé des libanais fut un calvaire, leur présent est un enfer, et leur avenir reste à faire. Et je me demande si nos chefs politiques libanais et leurs conseillers avaient bien entendu ou lu ce passage d’une récente déclaration du jeune et brave président des Etats-Unis d’Amérique Monsieur Barak Obama à propos de l’Iraq: « nous ne pouvons pas continuer éternellement à faire la police dans les rues de Bagdad et attendre à ce que l’union irakienne soit parfaite avant de quitter l’Iraq ».
Autrement dit quand est-ce les dirigeants du Liban vont pouvoir enfin se détacher des contraintes extérieures et libérer à leur tour l’avenir des libanais qui continuent malgré tout à les suivre à l’aveuglette…? Les maintes allusions depuis des mois, du président français Nicolas Sarkozy et de son ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, et autres commissaires européens, ne leur sont pas suffisantes ou bien ils attendent une « mise en demeure » claire et ferme de la part d’un quelconque envoyé spécial de la nouvelle administration américain… pour réagir en laissant les juges du Tribunal international remplir leur mission ? (6.3.2009)